Search

Ondes 5G et santé: que dit la science des craintes des maires écolos - Le HuffPost

scienceuna.blogspot.com

SCIENCE - Une vague verte a déferlé sur plusieurs grandes villes lors du second tour des élections municipales, dimanche 28 juin. Alors que les maires vont être officiellement élus dans les conseils municipaux à partir de ce vendredi 3 juillet, les édiles écologistes ont évoqué ces derniers jours sur les ondes médiatiques leurs programmes et leurs priorités, à la fois locales et nationales.

Le climat et la biodiversité font évidemment partie des objectifs principaux. Un autre dossier a également commencé à essaimer ces derniers jours: celui de la 5G. Cette technologie, devant à terme supplanter la 4G, permettra d’atteindre des vitesses de débit bien supérieures pour les smartphones et objets connectés. Mais de nombreux maires EELV se sont opposés à ce déploiement, allant jusqu’à demander un moratoire contre des expérimentations locales.

L’argument principal souvent mis en avant concerne le poids environnemental. Il apparaît effectivement logique de s’interroger sur l’impact, bénéfique ou négatif, de cette nouvelle technologie sur nos émissions de gaz à effet de serre, par exemple. Mais les premières utilisations commerciales ne devant pas avoir lieu avant l’année prochaine, le tout de manière progressive, pourquoi vouloir tout stopper en urgence?

Ici, certains édiles ont invoqué un autre argument, qui ne peut être synonyme que d’urgence: la santé. Pierre Hurmic, le maire EELV de Bordeaux, a estimé que “la 5G mérite un vrai débat, il faut indiquer quels sont les dangers, il y a des dangers de la 5G”. Il faudra “voir si cette technologie n’est pas une technologie de confort avec des risques sanitaires”, dit de son côté Emmanuel Denis, maire EELV de Tours. Pour Anne Vignot, élue à Besançon, “La 5G pose des problèmes de santé publique”.

La 5G change deux choses face à la 4G

Mais quels problèmes exactement et qu’en dit la science? Dans un rapport préliminaire publié en janvier, l’Anses explique ne pas avoir assez “de données relatives aux effets biologiques et sanitaires”. Les travaux continuent et un rapport sera rendu au premier trimestre 2021.

Il faut bien comprendre que si les données manquent, c’est sur la 5G spécifiquement. Les études sur les ondes radiofréquences en général sont nombreuses, comme nous allons le voir. Pour comprendre ce que change et ce que ne change pas la 5G, Le HuffPost a interrogé plusieurs chercheurs qui travaillent sur la question depuis des années.

“Les deux principaux changements, qui auront un impact sur l’exposition, sont la fréquence utilisée et le fait que les antennes fonctionnent de manière directionnelle”, explique Yves Le Dréan, chercheur à l’Institut de recherche en santé, environnement et travail de l’Inserm.

Pour faire simple, jusque là, les ondes utilisées par nos smartphones et autres objets connectés utilisent des fréquences allant jusqu’à 2,4 GHz. Le déploiement de la 5G prévoit dans un premier temps une bande à 3,5, puis à 26 GHz. Et effectivement, sur ces fréquences particulières, il y a très peu de données scientifiques fiables.

Pour autant, faut-il tout arrêter dès maintenant en invoquant le principe de précaution? “Je ne pense pas qu’il y aura de problème sanitaire aux puissances prévues”, estime Yves Le Dréan. Pour comprendre pourquoi cet expert pense cela, il faut déjà revenir sur ce que l’on sait de l’impact des ondes en général sur la santé.

Absence de preuve de nocivité

Le débat sur la nocivité des ondes existe depuis l’apparition des téléphones portables. “Quand j’ai commencé à travailler sur ce sujet, des chercheurs avaient prédit une explosion en 2015 des cancers à cause des l’exposition aux ondes”, se rappelle Yves Le Dréan. Pourtant, aujourd’hui, il n’existe aucun consensus scientifique fiable permettant d’affirmer que les ondes émises par nos smartphones sont nocives.

“Il n’existe aucune expérience sérieuse montrant que les radiofréquences soient mutagènes”, abonde Jean-François Doré, directeur de recherche émérite à l’Inserm, qui a dirigé des rapports de l’Anses et travaillé avec le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) à ce propos. “Il n’y a pas de preuve directe dans les études épidémiologiques chez l’homme faisant un lien entre exposition aux ondes et augmentation du risque”.

“Cela fait plus de 50 ans qu’on étudie les radiofréquences et il n’y a jamais rien eu de solide, de concret”, rajoute Hervé Cadiou, spécialiste du champ magnétique chez les animaux à l’université de Strasbourg. 

Des déclarations qui pourraient en surprendre certains, tant le débat sur la nocivité des ondes semble polarisé dans les discussions sur les réseaux sociaux. Mais il faut bien comprendre que cela ne veut pas dire que nous sommes certains que les ondes n’ont absolument aucun impact sur les êtres vivants. C’est même plutôt l’inverse.

“Beaucoup d’articles scientifiques montrent des effets, mais de très faibles ampleurs et pas toujours reproductibles. Si vous courez, vous transpirez, cela a un effet, mais vous ne mettez pas votre vie en danger”, explique Yves Le Dréan. “Si on analyse les articles témoignant d’un effet, on a du mal à les classer en fonction des fréquences, des modulations, de la puissance...” “Il y a également beaucoup d’études mal réalisées, avec souvent des artefacts”, des faux positifs en quelque sorte, précise Hervé Cadiou.

Même caché, un effet serait très faible

En clair, malgré de nombreuses études, aucun effet problématique n’a pu être identifié avec certitude. Même l’une des études les plus complètes, qui a coûté des millions, réalisée sur des souris et des rats, n’a pas été conclusive. “Les animaux ont été fortement exposés dans des conditions particulières, qui ne correspondent pas à la vie courante”, rappelle Jean-François Doré. Dans les résultats, on a décelé une faible augmentation d’une forme de cancer au niveau du cœur, mais uniquement chez les rats mâles.

“Sauf que si on veut déduire de cette étude que les ondes peuvent induire des tumeurs dans des circonstances bien spécifiques, il faut aussi accepter que ça puisse prolonger la survie”, lâche le chercheur. Car dans l’étude, les rats non exposés ont vécu moins longtemps que les autres. En clair, cette ”étude ultime” n’a pas apporté grand chose.

Mais justement, s’il est impossible de dire avec certitude que les ondes n’ont aucun impact sur la santé, il est également impossible de dire qu’elles en ont un. “Cela fait des décennies qu’on fait des recherches actives et on n’a rien trouvé de concluant. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien, mais s’il y a quelque chose, ce n’est pas grand-chose”, résume Jean-François Doré. 

“À l’heure actuelle, ce qu’a prouvé la recherche, c’est que c’est au pire un poison très lent et aux effets légers”, abonde Yves Le Dréan, qui estime nécessaire la continuité de ces recherches, notamment afin de vérifier s’il n’y a pas des populations ou des situations à risque, dans des cas bien particuliers. “Il est sûr et certain que l’exposition aux ondes radiofréquences n’est pas un poison violent, à l’inverse des UVs par exemple”.

Sur ce point, Jean-François Doré, qui a beaucoup étudié les UVs, complète: “Le rayonnement ultraviolet est cancérigène, mutagène et également promoteur, c’est-à-dire qui favorise, accélère le développement du cancer”. De nombreuses études ont prouvé cela. “On est très loin de ça en matière de radiofréquences”.

Et si la 5G était encore moins risquée?

C’est au vu de ce contexte que les experts ne pensent pas que les fréquences spécifiques de la 5G vont changer radicalement la donne. Pour autant, tant que l’on n’a pas de données, difficile d’affirmer quoi que ce soit. D’où la nécessité de réaliser de nouvelles analyses... qui nécessitent d’avoir des antennes 5G actives afin de faire des mesures.

Plus étrange encore, cette différence de fréquence pourrait même être bénéfique. “Aujourd’hui, le seul doute concerne le risque de cancer au cerveau pour les très gros utilisateurs de smartphones”, explique Yves Le Dréan. “Mais avec les fréquences rendues possibles par la 5G, les ondes ne pourront pas pénétrer la peau et atteindre le cerveau”.

“À l’inverse, on pourrait donc imaginer des effets cutanés ou oculaires, mais encore une fois, nous n’avons pas de données: on ne peut pas faire d’estimation d’effet sanitaire sans population exposée”, rajoute Jean-François Doré.

Le phare et la lampe

Enfin, reste le fait que les antennes 5G sont directionnelles. “Elles sont intelligentes, au lieu d’irradier toute la journée partout, elles vont se concentrer dans la direction des appareils qui les accrochent”, rappelle le chercheur. Cela veut dire qu’elles vont moins émettre en général, mais plus dans certaines directions et à certains moments.

Il est encore une fois difficile de dire si cela entraînera un niveau d’exposition général supérieur sans étude sur le terrain. Ici, il faut en tout cas rappeler une chose importante: même s’il y a un risque, il se situe plus vraisemblablement du côté du smartphone que de l’antenne 5G.

“Il faut comprendre que quelques minutes avec le téléphone à l’oreille, cela représente un mois d’exposition avec une antenne à distance moyenne”, rappelle Yves Le Dréan. Pourquoi? C’est une loi de la physique: l’exposition diminue avec la distance de manière exponentielle. Le chercheur a une métaphore simple pour comprendre:

“Les phares qui éclairent les bateaux ont une lampe très puissante pour être visibles à des kilomètres. Mais si vous êtes sur une plage à un kilomètre, vous ne pourrez pas lire votre livre en pleine nuit avec cette lumière. À l’inverse, si vous disposez d’une lampe torche, d’une puissance beaucoup plus faible, mais à proximité, vous allez pouvoir lire. C’est pareil avec les radiofréquences”.

Si la communauté scientifique trouve finalement un risque lié à la 5G, il aura donc de grandes chances de résider dans la manière dont nous utilisons notre smartphone 5G plutôt que dans la proximité d’une antenne.

À voir également sur Le HuffPost: En Angleterre, les vaches testent la 5G




July 03, 2020 at 01:58PM
https://ift.tt/3isrQlS

Ondes 5G et santé: que dit la science des craintes des maires écolos - Le HuffPost

https://ift.tt/2BJRZfi
science

Bagikan Berita Ini

0 Response to "Ondes 5G et santé: que dit la science des craintes des maires écolos - Le HuffPost"

Post a Comment

Powered by Blogger.