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Kendji Girac au Palais des Sports : muy caliente - Le Figaro

NOUS Y ÉTIONS - Le chanteur d'origine gitane a enflammé la foule venue l'écouter samedi à Paris. Il s'agissait du premier essai à grande échelle du pass sanitaire.

Devant le Palais des Sports, c'était l'ambiance des grands soirs même si une pluie torrentielle a inondé la station de métro Porte de Versailles. « C'est notre premier concert depuis dix-huit mois, la dernière fois, c'était Maître Gims au Stade de France, racontent Anaïs et Marine, 30 ans, qui vapotent avant d'entrer dans la salle. « Kendji, on l'a découvert après The Voice avec son premier album et on écoute souvent ses chansons quand on part en vacances, poursuit Anaïs, adjointe en parfumerie venue de Palaiseau dans le 91. On ne l'a jamais vu sur scène mais on aime ses chansons nostalgiques, et ce petit côté espagnol, il n'y a que lui qui fait ça. »

Dans la file d'attente, une majorité de femmes, de tous les âges, et beaucoup de familles avec de petits enfants dont, de toute évidence, c'est le premier concert. Pamela, Béa et Stéphanie, la trentaine sont venues du Val d'Oise. « C'est notre première sortie depuis longtemps alors on compte bien en profiter, explique Pamela, préparatrice en pharmacie. Kendji , on l'aime bien car sa musique est sympa, familiale, il est simple, gentil et absolument pas vulgaire. »

Au-delà de la prestation artistique, le concert de Kendji Girac au Palais des Sports ce samedi 19 juin était intéressant pour plusieurs raisons. Après l'expérience scientifique d'Indochine à Bercy, il s'agissait du premier grand concert payant en intérieur avec 3000 spectateurs. Donc le premier essai à grande échelle en France du pass sanitaire. L'occasion aussi de voir comment les spectateurs se comportent avec le masque.

La salle à ses pieds

Sur le pass sanitaire, les contrôles ont été étonnamment fluides. Dans les quatre files d'attente séparées par des barrières, chacun tenait prêt son billet, sa pièce d'identité et son téléphone ou/et la feuille imprimée avec le QR code du pass sanitaire. Sur les 3000 spectateurs, seuls vingt ont dû faire un stop dans la tente blanche sur la gauche où trois infirmiers en blouse bleue procédaient à des tests PCR. « Ils avaient tous leur QR code mais il n'était pas lisible dans la machine, parfois il y a des bugs, alors par mesure de prévention, on leur refait un test », explique l'un des responsables de la sécurité. Autre mesure covid pour éviter les fans agglutinés : la vente des boissons et des produits dérivés se faisait à l'extérieur. « Les petits garçons achètent le drapeau car c'est festif dans la salle, explique la vendeuse Mona-Lisa. Les petites filles aiment le stylo Bic à quatre couleurs à 5 euros et les trois grandes photos à 5 euros.»

Dans la salle remplie à 65%, le message résonne plusieurs fois dans les haut-parleurs : « Restez à vos places à la fin du concert, nos agents vous aideront à rejoindre en toute sécurité la sortie. » Le public est placé par ordre d'arrivée avec un long scotch qui barre un fauteuil entre chaque groupe. Pas un mot, par contre, sur le port de masque alors qu'à Bercy au concert d'Indochine, le message était régulièrement martelé. Ici, d'entrée de jeu dans le carré or, un bon tiers des spectateurs décident de s'abstenir de toute protection. Au fil du concert, le taux grimpe à au moins 60%. Certes, tout le monde a son pass sanitaire mais dans un endroit clos et avec autant de monde, la règle reste la règle. La sécurité intervient régulièrement pour que les gens restent dans leur rang sans déborder sur les allées, mais personne ne se fera réprimander pour l'absence de port du masque.

À 19h52, la famille de Kendji Girac fait une entrée remarquée avec à sa tête Carmen, la mère du chanteur. Robe longue, cheveux sombres, voix rauque, elle est clairement la vedette de la soirée. Aussitôt les fans se précipitent pour réclamer un selfie, ce qu'elle accepte très gentiment. Derrière, Soraya, la compagne du chanteur, silhouette mannequin dans une combinaison rose poudrée réussit à passer presque inaperçue. À 20h09, le noir se fait. La scénographie est simple : des lumières, un mur de vidéo qui fait toute la largeur de la scène et quatre musiciens. Florian au piano, Tony à la batterie, Kema et Benoît à la basse. Kendji Girac, 25 ans porte tout le show sur ses épaules. Il apparaît dans un halo jaune en grattant quelques accords de guitare et, là, on comprend pourquoi ce garçon depuis huit ans vend autant d'albums et de billets de concert. C'est l'émeute.

Comme les plus grands, Kendji Girac a d'emblée la salle à ses pieds. Imaginez le Palais des Sports debout, les bras en l'air en tapant des mains. Habillé de noir, il démarre d'une voix puissante avec Habibi. Les femmes se pâment. Une jeune fille hurle son amour. « Merci ma jolie, je t'entends », réponds notre bourreau des cœurs. Il enchaine aussitôt avec un autre tube Me Quemo. Les dix premiers rangs sautent en rythme. Dans la foule, le comportement de certains spectateurs est étonnant. Notre voisine va passer l'intégralité du concert les yeux rivés derrière son téléphone portable pour bien tout filmer. Elle n'aura finalement rien vu du show.

Sur scène, Kendji Girac oscille entre la musique gitane qui est son socle, la pop et le rap. Lunettes de soleil, chapeau, son « compère » le rappeur Soolking d'origine kabyle fait une entrée remarquée sur scène sur leur duo Bebeto. Kendji enchaîne les 90 minutes de show sans temps mort. A l'aise, il discute souvent avec le public. « Je suis tellement content d'être avec vous les amis, ce soir pour ce premier concert, c'est beaucoup d'émotion. » A 20h32, il se change en 60 secondes top chrono et revient tout de blanc vêtu. Avec Florian Rossi au piano, il chante Évidemment. Le Palais des Sports se charge du refrain à pleine voix. Arrive la chanson Les yeux de la Mama : « Maman, je ne sais pas où tu es mais je t'embrasse ». Derrière nous, Carmen a les yeux qui pétillent de fierté et se lève pour que son fils la repère.

Un cercle en forme de soleil ou de roue de fête foraine descend du plafond. Un clin d'œil à Marcel Campion ? 21h00, Kendji Girac avale de grandes rasades d'eau. « Il fait chaud », dit-il. On est bien d'accord, l'aération n'a jamais été le point fort du Palais des Sports. « Que ceux qui sont là depuis le début lèvent la main, demande le chanteur tandis que la moitié de la salle lève la main. Les nouveaux, j'espère que dans sept ans, vous lèverez la main à votre tour

Gitano, Andalouse,… les tubes s'enchaînent. 21h31, « les amis, ça passe vite, déjà 1h30 de show, c'est la dernière chanson », regrette Kendji Girac. « Naaaaaaan », hurle le Palais des Sports. Il termine par un medley avec Passito en clin d'œil à Chico et les Gipsy King. Quand il donne sa guitare au technicien pour mieux danser façon torero, l'émeute repart de plus belle. Il reprend sa guitare, fronce des sourcils car il s'est « cassé un ongle » et termine sur Bella. Le temps « d'embrasser chacun d'entre vous très fort » et le message de sécurité covid retentit : « Nous vous demandons de rester à vos places.» La foule sort sagement rang par rang. Pas de passe-droit pour Carmen et sa tribu. La famille du chanteur attend sagement son tour et sortira en dernier.

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