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"J’appelle le ministère des Sports français à m’aider", l'appel à l'aide d'une taekwondoïste afghane - RMC Sport

Privée de sa liberté. Privée de son sport. Privée d’espoir, de ses rêves. Zarghunna Noori, 22 ans, cherche à quitter l’Afghanistan. Elle qui était un espoir du taekwondo dans son pays ne peut plus pratiquer. L’arrivée des talibans a changé son quotidien. Zarghunna lance un appel à l’aide.

Elle a souhaité nous contacter, par les réseaux sociaux, pour témoigner de son quotidien et espérer obtenir de l’aide pour quitter son pays. Zarghunna était une jeune fille pleine d’ambition. Elève à l’Université, elle s’entrainait dur pour devenir la meilleure en taekwondo. "Avant j’allais en cours tous les jours pendant six heures. Et puis je m’entrainais. Maintenant, je suis à la maison et je donne secrètement des entraînements gratuits à des jeunes filles pauvres de 15h a 17h", explique-t-elle.

Secrètement, car les talibans interdisent la pratique sportive aux femmes. "Dès que je vais à la salle, je scrute la vallée et je dis aux filles de faire pareil, précise-t-elle. Et si elles voient des membres des talibans, elles rentrent chez elles". Zarghunna doit se couvrir de la tête aux pieds pour ne pas être identifiée quand elle sort. Hijab, bonnet, masque, seuls ses yeux sont visibles. "Je change de chemin quand je vois des talibans, ils me font peur". Des entraînements donnés dans une salle de Herat, ville dans laquelle elle vit avec sa petite soeur et sa mère, à plus de huit cents kilomètres de Kaboul, la capitale.

Zarghunna Noori.
Zarghunna Noori. © DR

"Les quinze filles que j’entraine, qui ont entre 8 et 25 ans sont pauvres. Je donne des cours gratuitement. Avant que les talibans arrivent, je faisais payer car il y avait beaucoup d’élèves, environ 200, et les familles étaient riches. On demandait cinq dollars par mois aux élèves", se souvient-elle. Mais aujourd’hui, la vie en Afghanistan est devenue très chère. "C’est dur. Je n’ai plus d’argent pour aider ma famille, pour manger, s’habiller, surtout l’hiver. Je me sens très mal". Son papa est parti en Iran: "Il a 65 ans et ne peut pas travailler. Mon frère, de 15 ans est avec lui, pour ne pas être recruté par les talibans pour combattre dans le pays." Et ses deux autres soeurs sont mariées et ont quitté l’Afghanistan.

"Je veux continuer à pratiquer mon sport dans un environnement où je ne risque pas de mourir"

Elle aussi veut partir. Au plus vite. Comme certaines filles qui étaient membres de l’équipe nationale afghane de taekwondo. "Huit sont en Australie grâce à la Fédération australienne. Une est en France grâce au Ministère des Sports. D’autres en Italie, Iran, Pakistan, Etats-Unis et Angleterre. A Herat, il reste quatre filles de l’équipe". Celle qui a été championne nationale en 2018, le sait, elle a besoin d’une aide internationale pour quitter l’Afghanistan.

"J’ai demandé au ministère des Sports français de m’aider pour continuer à pratiquer mon sport dans un environnement où je ne risque pas de mourir et où je peux arriver à mes objectifs. Mais je n’ai jamais eu de réponses des instances et comme je suis en danger j’appelle de nouveau le Ministère des Sports Français à m’aider". Un appel pour retrouver espoir. Pour retrouver sa liberté. "Je veux quitter le pays car je ne peux pas grandir et atteindre mes objectifs."

"Je rêve d’aller aux Jeux Olympiques."

Et des objectifs, des rêves, la jeune femme de 22 ans, en a plein le tête. "Je veux participer à des compétitions internationales, surtout en Europe. Mais mon plus grand rêve est d’aller aux Jeux Olympiques de Paris". Elle a découvert le taekwondo lorsqu’elle avait 14 ans: "avec une amie, on rentrait de l’école et un nouveau club venait d’ouvrir. On est allé voir. J’étais super heureuse quand j’ai vu que l’entraîneur venait de Corée du Sud, il entraînait vraiment bien. On s’est donc inscrites." Depuis, grâce à cet entraineur, Maître Tai Lim, Zarghunna est devenu un réel espoir de son sport en Afghanistan.

 Zarghunna Noori.
Zarghunna Noori. © DR

Mais aujourd’hui, il lui est devenu impossible de s’inscrire à des compétitions. "Le 3 mars prochain, j’étais invitée aux championnats internationaux de taekwondo et j’ai demandé à la Fédération afghane de m’inscrire, elle a refusé. La fédération me dit qu’elle ne peut pas m’enregistrer à cause des talibans. Comme j’essaye d’atteindre mes objectifs, ils veulent m’en empêcher".

"Je suis déprimée"

La voilà sans solution, une situation qui inquiète sa famille. "Mes parents sont très inquiets. On est pauvre, ils ne peuvent pas m’aider à partir. Mais ils m’ont conseillée d’appeler quelqu’un qui pourrait le faire à leur place". La jeune femme espère que sa voix sera entendue, que les autorités, notamment Françaises, lui viendront en aide. En plus de son impossibilité de pratiquer son sport, Zarghunna vit dans la peur, au quotidien. "Tous les jours, les talibans enlèvent du monde, notamment des filles. Ils les violent ou les marient. Là où je vis, au moins cinquante filles ont été détenues secrètement et on n’a plus de traces d’elles."

Une vie qui a basculé le 15 août 2021. Date à laquelle Kaboul est passée aux mains des talibans. Quand les américains étaient encore présents dans le pays, elle a essayé de partir étudier à l’étranger. Un échec. "Ça m’aurait permis de grandir plus facilement et d’avoir un meilleur travail". Mais malgré tout cela, elle ne voulait surtout pas stopper ses études.

Même si interdite par les talibans d’aller à l’Université, Zarghunna prend des cours de français et d’anglais sur internet. "Même si j’étudie ce n’est plus comme avant. Je n’ai plus la liberté d’entraînement, de respirer tout simplement. Je suis déprimée. Quand je vais à la salle donner les cours, ça va mieux." Deux heures où elle entraine qui lui permettent de souffler un peu, de retrouver rapidement le sourire. Mais aujourd’hui, son avenir, elle veut le construire ailleurs.

Léna Marjak

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