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[Extrait] Sexisme à France Télévisions : au service des sports, des licenciements qui ne passent pas - Marianne

(...) Lorsque Jean-François Laville prend connaissance de l'interview de Clémentine Sarlat dans L'Equipe du 4 avril 2020, il hausse les épaules et pense : cette journaliste se venge comme elle le peut. Le fond du problème est que Clémentine Sarlat estime, elle, qu’elle a été mise délibérément à l’écart, de retour de sa maternité. Ses propos font mouche : « En mai 2017, avant mon congé maternité, la direction des sports m’annonce que je vais coprésenter "Stade 2" avec Matthieu Lartot. En réalité, c’était de la com. Il fallait juste annoncer une présentatrice. Lorsque je reviens, en janvier 2018, on me dit : "À cause des lumières et des caméras, tu ne pourras pas être à côté de Matthieu’". Je n’étais plus coprésentatrice ».

L’interview dans L’Équipe si elle n’a pas fait bouger un cil du directeur des sports, Laurent-Éric Le Lay, retient toute l’attention de Delphine Ernotte. La présidente de France Télévisions embraie dès le lendemain, assurant qu’elle reconnaît la parole d’une victime et en tirera rapidement des sanctions. Delphine Ernotte brigue un second mandat qui devrait être caractérisé par une meilleure représentativité chez les personnels. Déjà, lors de son premier exercice, ses propos dans un entretien à Europe 1, sur le souhait d’en finir avec la domination des « mâles blancs de plus de 50 ans » dans les chaînes de service public, en avaient heurté plus d’un.

Une enquête est réalisée par Interstys, « cabinet de conseil spécialisé dans l'accompagnement des crises humaines » comme l'indique son site web, entre le 14 et le 30 avril. Plus d’une centaine d’entretiens « en libre parole » sont menés principalement par Zoom, confinement oblige. Le bilan de ces entrevues est restitué le 25 juin, toujours en visioconférence, au personnel de FTV, par la directrice de l’enquête, Valérie Moreau. Ses conclusions décrivent un service des sports qui tiendrait de « l’entre-soi masculin » et de « l’ambiance de vestiaire plutôt que d’une situation de travail en entreprise ». Un « bastion sexiste », surenchérit Mediapart dans une enquête mise en ligne le même jour. Sur cette lancée, Delphine Ernotte décrète la tolérance zéro et souhaite que des têtes tombent. Il faut frapper vite et fort.

Décision « idéologique »

En juillet, une figure de « Stade 2 », Alain Vernon, est licencié pour propos sexistes : trente-huit ans de télévision coupés net. Un autre grand reporter, Pierre-Étienne Léonard, 42 ans, est zappé pour le même motif. Un troisième journaliste, Rodolphe Gaudin, écope d’un blâme mais sauve son poste. « Jef » Laville, 54 ans, lui, est visé pour harcèlement moral. Le fait principal retenu par la DRH pour ce qui le concerne : avoir refusé une RTT un dimanche – le jour de la semaine le plus actif dans un service des sports – à Clémentine Sarlat pour fêter les 90 ans de sa grand-mère. Le tout accompagné d’un nuage de propos anonymes piochés dans l’enquête, illustrant ce soupçon d’ « autoritarisme sexiste et discriminatoire » répété durant des années.

« À 64 ans, j’étais retraitable tandis que les deux autres ont encore leur carrière à faire. Mais qui va leur tendre la main désormais ? Une décision idéologique les a tués », déclare Alain Vernon. Ancien délégué syndical SDJ, enquêteur en pointe sur l’affaire Tapie OM-VA, il est un peu comme « le canardeur » du film épnoyme avec Clint Eastwood. « Pas question que la direction me pique ma santé », assène-t-il depuis une brasserie des Hauts-de-Seine.

Il a depuis publié son témoignage intitulé justement Le Service des porcs (édition Sydney Laurent) dans lequel il décortique la mécanique, accuse, persifle et ne cesse d’accumuler les munitions et les infos de première main. « Ça prendra le temps qu’il faudra mais je vais récupérer des indemnités, mon honneur et s’il le faut, nous conduirons Delphine Ernotte au pénal. Elle a clairement commis une lourde faute professionnelle mais aussi morale. » Cette accusation de misogynie crasse, un fer rouge pour le virer sans discussion, l’insupporte, « moi, le mec qui durant des années ait fait le premier et contre vents et marées de la rédaction en chef, la promo du sport féminin ! » (...)

Retrouvez l'intégralité de notre enquête : Sexisme à France Télévisions : au service des sports, des licenciements qui ne passent pas

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