La Fédération française de roller et skateboard organisera désormais le patinage de vitesse dans l'Hexagone, et non plus la fédération française des sports de glace qui a perdu la délégation olympique pour cette discipline.
Si les Championnats d'Europe de patinage de vitesse se sont achevés dimanche à Hamar (Norvège), avec une 10e place finale au classement allround pour Mathieu Belloir et une 12e pour Timothy Loubineaud, c'est un autre sujet qui agite depuis quelque temps la discipline en France. Comme confirmé au journal officiel du 28 décembre, le ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques a décidé d'en confier la délégation à la Fédération française de roller et skateboard (FFRS), et non plus à celle des sports de glace (FFSG). Un transfert de pouvoir assez rare pour être souligné.
« Ce n'est pas un sujet récent, on a juste finalisé fin décembre des discussions commencées il y a plusieurs années, déclare-t-on au ministère. Un rapport de l'inspection générale rendu en 2014 préconisait déjà de revoir la délégation pour la grande piste. On avait à coeur de reposer les choses à plat, sur la base d'analyses de l'Agence Nationale du Sport et après avoir consulté le CNOSF. » Avenue de France, on certifie qu'il ne s'agit en aucun cas d'une sanction ou d'un signe de défiance vis-à-vis de la nouvelle présidente de la FFSG, Gwenaëlle Noury, mais plutôt d'une opportunité sportive.
Dans le sillage de l'Américain Chad Hedrick, véritable icône du roller qui a terminé sa carrière en basculant sur la glace en 2002, y décrochant un premier titre mondial en 2004 et l'or olympique en 2006, le phénomène n'a cessé de s'amplifier. En France aussi, où Cédric Michaud, Pascal Briand et Tristan Loy ont ouvert la porte à Alexis Contin, qui avait 18 ans lorsqu'il a obtenu le premier de ses dix titres mondiaux en roller, et dix de plus lorsqu'il est devenu en 2015 le premier Français depuis André Kouprianoff en 1960 à gravir un podium mondial en patinage de vitesse.
Aucun anneau en France
« En France, c'était des démarches individuelles. Des gens assez fous pour partir à l'aventure, observe Contin, qui travaille aujourd'hui sur l'anneau de vitesse de Berlin. Mais pour que ça réussisse dans ces conditions, pour viser les médailles olympiques, il faut un vrai coup de chance. Je passe tout près (4e aux Jeux de Vancouver en 2010), mais ce n'est pas pérenne. Pourtant, quand on analyse cette vague d'athlètes issus du roller depuis le début des années 2000, on se rend compte que c'est devenu une véritable école pour être performant sur la glace. » L'Américaine Erin Jackson (30 ans) en est un exemple lumineux, engagée dans un programme de transition en 2017, et qui excelle désormais dans les deux disciplines : en février dernier, elle était sacrée championne du monde sur la glace (500m), avant de rafler l'or en octobre sur ses rollers.
Plus d'un tiers des médaillés sur la grande piste aux Jeux de Pékin avaient débuté leur carrière par le roller. Or, la France est une des nations phares en roller-course, la FFRS sait former, guider ses athlètes vers les sommets. « On peut adapter les dispositifs sportifs du roller pour la préparation d'un athlète en patinage de vitesse, estime Boris Darlet, le président de la FFRS. On s'est beaucoup interrogé mais après les élections de la FFSG, nous avons demandé la délégation au Ministère. » Une requête d'autant plus entendue que les sports de glace n'ont jamais réellement investi sur cette discipline qui, pourtant, délivre 42 médailles aux Jeux olympiques.
« On veut des médailles en 2026 »
En 2014, c'est même un psychodrame qui s'était noué autour de l'anneau de Sotchi, entre le refus de la FFSG de missionner l'entraîneur d'Alexis Contin, Alain Nègre, et la non-inscription individuelle d'Ewen Fernandez par Xavier Sendra, le DTN de l'époque. « Les relations entre les deux fédérations s'étaient normalisées après ça », promet Alain Nègre, cadre technique à la fédé de roller, en charge de la performance des équipes de France, et détaché ponctuellement pour glisser vers la glace et s'occuper des sportifs de la grande piste, à l'image de Timothy Loubineaud.
« On veut des médailles en 2026. Mais on vient d'avoir la délégation, on va fixer nos étapes les unes après les autres, propose Boris Darlet. On a pris des contacts avec des exploitants d'anneaux en Allemagne ou aux Pays Bas. » Parce que la France ne dispose d'aucun anneau, l'un des équipements sportifs les plus chers. Envisager d'en construire un pour développer la discipline n'aurait aucun sens en période de crise énergétique et de questionnement sur le développement durable et d'autres nations prouvent que l'on peut progresser sans disposer d'un tel outil, à l'image de l'Espagne, de la Colombie, de l'Argentine, qui s'appuient sur leurs spécialistes de roller pour commencer à exister sur la glace.
« On va créer un championnat de France de longue piste, évoque Boris Darlet. Cela ouvrira une perspective pour tous les coureurs de roller. On pourra mieux identifier les athlètes qui montrent des potentiels physiques et techniques pour être bons sur la grande piste. » Alain Nègre prolonge : « Ce serait intéressant d'organiser des stages pour apprendre la technique à nos spécialistes du roller, leur donner l'occasion de goûter la glace, pour qu'ils envisagent s'investir sur un double projet, peut-être même considérer la glace comme objectif prioritaire. » Alexis Contin imagine que le transfert pourrait ainsi devenir plus naturel : « La chance de la France, c'est qu'elle peut s'appuyer sur son école de roller. Produire des athlètes performants en roller, on sait faire. Si la FFRS adopte une démarche collective et utilise cette force, ce capital, je ne vois pas pourquoi elle n'aurait pas de médaille à l'avenir. »
De nombreux détails restent à éclaircir. La Fédération française des sports de glace, qui n'a pas souhaité s'exprimer, reste ainsi investie d'une mission capitale avec l'inscription des athlètes sur les compétitions de patinage de vitesse, puisque la FFRS n'est pas affiliée à l'ISU, la fédération internationale de la glace. « La question des inscriptions est prévue par le code du sport, avec l'article L131-22. On a demandé aux deux fédérations qu'elles se concertent et on veillera à ce qu'il y ait une bonne articulation, notamment pour les inscriptions aux compétitions, précise le ministère. Nous avons l'engagement de la FFSG et de sa présidente, nous lui faisons confiance. »
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