Short track en VTT, slalom extrême en canoë-kayak, iQFoil en planche à voile… De nombreux nouveaux formats ont fait leur apparition ces dernières années. L’objectif ? Rendre la discipline plus télévisuelle et séduire un nouveau public, plus jeune.
« Je pense que c’est une évolution nécessaire, confie Arnaud Simon, ancien directeur général d’Eurosport. C’est un sujet tabou car le sport a fonctionné avec un modèle pendant très longtemps. Mais je pense qu’il doit s’adapter à la société. »
Une société en recherche de formats dynamiques, à l’image de ce que l’on peut retrouver sur les réseaux sociaux. « Trois éléments sont primordiaux, je les appelle les trois “i” : intensité, immersion et imprévisibilité, explique Arnaud Simon. L’e-sport le fait parfaitement bien. Le sport ne doit pas le copier mais en comprendre les mécaniques. Il ne faut pas forcément raccourcir les épreuves mais éviter les temps faibles, l’ennemi juré de celui qui consomme le sport. »
« Ça plaît au grand public ?»
Future discipline olympique pour les prochains Jeux de Paris 2024, le slalom extrême, en canoë-kayak, reprend parfaitement cette recette. Quatre adversaires s’affrontent dans une course intense où les retournements de situation sont nombreux.
« Il faut prendre les bonnes décisions au bon moment et s’adapter aux concurrents, commente Gaël Adisson, champion du monde U23 de slalom extrême en kayak en juillet. Chaque adversaire est imprévisible, il y a donc plein de rebondissements. Ça répond à un besoin de rendre le sport plus spectaculaire et plus télévisuel, notamment en vue de Paris 2024. Ça plaît au grand public. Beaucoup de monde de mon entourage préfère le slalom extrême ».
Les disciplines de course privilégient désormais les confrontations directes, à la place des traditionnels contre-la-montre. Le biathlon, en plein essor depuis quelques années, est l’un des précurseurs. Le VTT a également pris le train en route en lançant le short track (XCC), en parallèle du cross-country olympique (XCO).
« C’est une discipline moderne qui continue d’évoluer. Le circuit est moins dur que celui de cross-country, ce qui permet de rouler en peloton », explique Yvan Clolus, manager de l’équipe de France de VTT. « Les courses sont hyper indécises jusqu’à la fin, ajoute Jordan Sarrou, champion du monde de cross-country en 2020. C’est très dur car on est à bloc pendant 20 minutes. »
« On ne veut pas dénaturer notre discipline »
Ces évolutions sont nécessaires, mais elles doivent garder l’essence de la discipline. Cet équilibre est primordial et trouver le bon dosage n’est pas aisé. « Le circuit du XCC est? roulant, rapide, sans dénivelé. On est roue dans la roue jusqu’à l’arrivée. Ça fait un show mais, sportivement, je ne vois pas l’intérêt », estime Stéphane Tempier, médaille de bronze aux championnats du monde de cross-country en 2019.
« On est un peu loin de l’esprit VTT, tout terrain, dans des circuits naturels, confirme Yvan Clolus. Le circuit phare reste le XCO, qui est plus technique, mais je comprends que ça puisse être ennuyeux quand le premier a trop d’avance alors qu’au XCC il peut se passer des choses jusqu’à la ligne d’arrivée. »
Gilles Cherdieu, directeur technique national (DTN) de la fédération française de karaté, n’est pas opposé à des évolutions, mais pas à n’importe quel prix. « On ne veut pas dénaturer notre discipline. Oui à l’évolution, oui à l’amélioration mais en conservant nos valeurs ».
Sport olympique aux derniers JO de Tokyo, le sport de combat a perdu ce statut pour Paris 2024, malgré le sacre de Steven Da Costa au Japon. « Le karaté, c’est toujours un bide en termes d’audience, commente Arnaud Simon. C’est dur car ces fédérations se financent beaucoup grâce aux JO. Mais le sport est une matière vivante. Il faut évoluer tout en gardant son ADN. L’évolution doit être permanente pour garder son attractivité. »
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