C’est un peu le sujet ‘tarte à la crème’ au sein des collectivités… La question de la transversalité se pose toutefois avec acuité au sein des directions des sports, à la fois actrices et témoins d’une évolution des pratiques sportives vers davantage de sport-santé, de bien-être, d’inclusion sociale. Avec encore l’intégration des mobilités actives donc de l’aménagement urbain.
« Désormais, les services municipaux des sports interviennent en première ligne ou en appui d’autres services tels que la santé, l’urbanisme, les espaces verts, l’enfance, la politique de la ville etc. », énumère le sociologue Dominique Charrier, socio-économiste, maître de conférences à la faculté des Sciences du Sport de l’Université de Paris-Saclay.
Leur rôle et leur place dans cette transversalité ont fait l’objet d’un atelier lors des Journées d’Etude nationale (JEN) de l’Association Nationale des Directeurs et des Intervenants d’Installations et des Services des Sports (Andiiss), les 23 et 24 mars à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor).
Quand le privé fait le lien…
Sans grande surprise, et comme le rappelle Sylvain Clouet, DGA chargé de l’aménagement et du développement urbain de la cité briochine, « la transversalité, nous la prônons tous, elle devrait couler de source, mais elle n’est pas induite ». Face à un parterre de 400 directeurs et directrices des sports, il le concède volontiers : « les urbanistes pensent peu au sport. Dans le cadre de l’élaboration du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi), je pousse pour que la direction de sports définisse ses projets d’équipements pour les 20 ans à venir », poursuit cet ingénieur de formation, membre de l’Association des Ingénieurs Territoriaux de France.
Directeur du développement de l’UCPA, structure privée qui investit dans des installations sportives, Matthieu Briol prend l’exemple d’une zone d’aménagement concertée : « un aménageur va avoir tendance à rester dans le cadre des équipements d’intérêt général de base, type centre aquatique, gymnase etc., liés à un établissement d’enseignements ou à un système de subventionnement. En revanche, toute la dynamique commerciale qui va dans le sens d’une plus grande variété des pratiques est plus compliquée à faire sortir ». Faute de services qui restent dans leurs rails… Et d’ajouter : « le comble, c’est nous bien souvent, candidats à un appel à projets, qui faisons le lien entre les différents services pour retrouver un intérêt général dans l’équipement privé »…
L’œil pratico-pratique
Loin d’être généralisé, faut-il le préciser, le constat renvoie à la question de l’expertise des directions des sports. Sont-elles sous-estimées, dénigrées ou encore « pas suffisamment prises au sérieux », comme entendu dans les travées du colloque ? « Tout dépend aussi de la taille de la collectivité mais il est clair que ce service n’est pas considéré comme le plus noble dans l’échelle de prestige », résume Dominique Charrier.
Bien souvent, la direction des sports « n’osera pas non plus pousser les portes », constate Sylvain Clouet. Et lorsqu’elle est associée, elle l’est parfois trop tardivement… « Nous sommes considérés comme des services opérationnels qui vont gérer l’équipement », observe Mickaël Frocq, directeur des sports de la ville de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Sous-entendu, toutes les questions de conception et d’aménagement restent trop souvent l’affaire des bureaux d’études, architectes et autres directions techniques.
« Or », enchaîne le technicien nazairien, « notre expertise intègre des points comme l’analyse des usages futurs ». Matthieu Briol abonde : « oui, ces questions d’usages mais aussi de flux, de modèle d’exploitation et d’impacts en matière de coût de fonctionnement doivent être intégrés dès la phase de conception-construction ». Sinon, « en occultant les aspect pratico-pratiques, nous nous exposons derrière, à subir au quotidien, les contraintes techniques de l’équipement. Et ce, pendant les 30 à 40 ans de sa durée de vie », conclut un directeur des sports normand.
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