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"Service volé" sur TF1 raconte le combat d'Isabelle Demongeot pour faire condamner son violeur - Le HuffPost

Gilbert Iundt via Getty Images

Isabelle Demongeot sur un court de tennis à la fin des années 1980.

TÉLÉVISION - “C’est une reconnaissance que je n’ai jamais eue depuis 42 ans”. L’histoire d’Isabelle Demongeot est racontée ce lundi 22 novembre dans un téléfilm sur TF1 à 21h05, avec Julie de Bona dans le rôle principal. Pourtant il y a quinze ans, lorsque l’ex-championne de tennis a révélé avoir été victime de viols ainsi qu’une vingtaine de femmes, ils furent nombreux à ne pas vouloir entendre sa parole.

À l’aube de la quarantaine, alors qu’un médecin décèle des séquelles physiques de violences sexuelles, Isabelle Demongeot refuse de continuer à cacher ce qu’elle a vécu. Pendant neuf années de son adolescence à Saint-Tropez, elle a été violée par son entraîneur de tennis Régis de Camaret. Dans la remise du club où l’on rangeait les balles, dans sa chambre d’hôtel la veille des tournois ou dans la voiture de son agresseur qui la ramenait chez ses parents après l’entraînement.

Si pour elle les faits sont prescrits, la sportive choisit de raconter son histoire dans un livre (Service volé, publié en 2007) et se met à la recherche d’autres victimes. Et elle ne s’est pas trompée. Au final, 26 femmes déposent plainte -dont deux non prescrites- contre celui qui est à l’époque l’un des entraîneurs les plus en vus du circuit. “Il y a eu une chaîne de solidarité incroyable entre les victimes, se souvient Isabelle Demongeot pour Le HuffPost. Et ce film est un hommage aux victimes courageuses qui ont mené ce combat”.

“Quand j’ai parlé, personne ne me croyait”

Car pour l’ancienne championne de France et ces autres femmes, le combat a été long et éprouvant. “Tu ne vas pas remuer le passé”, “on va oublier tout ça”: Isabelle Demongeot se souvient trop bien des réactions de ses proches et de son entourage à l’époque. Des membres de la fédération de tennis qui ne la regardaient plus dans les yeux lorsqu’elle racontait ce qu’il lui avait fait. De tous ceux qui pendant les neuf longues années de procédure lui disaient qu’ils “attendaient de voir le verdict” pour savoir si elle disait la vérité. En 2014, à l’issue d’un procès en appel au cours duquel il était défendu par Éric Dupont-Moretti, Régis de Camaret est condamné à dix ans de prison pour viols et tentatives de viols.

“Quand j’ai parlé, quand nous avons parlé, personne ne nous croyait”, reprend celle qui s’est depuis largement investie pour la libération de la parole et la réparation des victimes. “À chaque fois que je vois des victimes parler, je suis fière. Et en même temps, j’ai mal parce que je me dis que la route va être longue. C’est pour cela que je demande aux instances du sport de se pencher sérieusement sur l’accompagnement de la parole, le soutien des victimes. Et il faut aussi que les fédérations se portent partie civile quoiqu’il arrive.”

Isabelle Demongeot garde un “handicap pour la vie” des violences sexuelles qu’elle a subies, mais aussi du “combat difficile” qu’elle a mené au point de “ne plus tenir debout pendant trois ans” après le procès. Maman d’une petite fille de 7 ans, elle souffle aujourd’hui de voir les choses évoluer: “Quand Sarah Abitbol a parlé, tout le monde l’a cru. [En janvier 2020, la patineuse a révélé avoir été violée et agressée sexuellement par son ancien entraîneur Gilles Beyer, NDLR]. De plus aujourd’hui, le haut statut ne protège plus: même si vous êtes quelqu’un de connu, vous pouvez tomber.”

AP Photo/Laurent Cipriani

Isabelle Demongeot en novembre 2012, lors de la première condamnation de Régis de Camaret

Voir que TF1 raconte dans un téléfilm son histoire est aussi la preuve qu’on “ose plus en parler.” “Je suis persuadée que plus on va en parler, plus ça deviendra normal. Et plus les prédateurs se sentiront en danger, moins ils pourront agir. Parce que c’est ça le but”, espère-t-elle. Même si l’approche de la diffusion de ce film est une période ”émotionnellement vertigineuse” pour Isabelle Demongeot qui a dû, une nouvelle fois, se replonger dans son histoire. “Ça bouscule quand même... mais c’est pour moi une reconnaissance que je n’ai jamais eue depuis 42 ans.”

Désormais, l’ancienne championne de tennis compte sur “la société” pour “faire bon usage” de son histoire et son combat. Car comme le rappelle un chiffre alarmant à la fin du téléfilm, 177 personnes, dont 110 éducateurs, ont été mises en cause dans des affaires de violences sexuelles dans le sport d’après le rapport 2020 de la Convention nationale de prévention. Près de 600 affaires sont toujours en cours de traitement en 2021.

A voir également sur Le HuffPost: #MeTooPolitique: pourquoi la parole peine à se libérer

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