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Dee Nasty, le pionnier et le passeur du rap en France - Le Monde

Dee Nasty chez lui à Paris, le 7 juillet 2021.

A l’été 1981, Dee Nasty revient en France après un périple en Amérique du Sud et un long séjour à San Francisco. Il est âgé de 21 ans. De son vrai nom Daniel Bigeault, il rapporte dans ses bagages sa nouvelle passion : le funk et le rap. Depuis trois ans, il fait des allers-retours entre Paris et San Francisco. En rupture avec ses parents depuis ses 16 ans, habitant Bagneux (Hauts-de-Seine) en banlieue sud, il vit d’un petit boulot de coursier. Il a découvert l’Amérique au cours d’un premier voyage où il a accompagné son grand-père : « En 1975, j’ai 15 ans, et dans la rue il y avait déjà un batteur qui jouait pour des breakers. Je ne connaissais pas cette culture-là. J’étais plus dans la musique celtique, en raison de mes origines, moitié bretonnes moitié belges. »

Après ce séjour, le jeune homme n’a qu’une obsession, y retourner. Il saisit l’occasion après avoir aidé des Américains qui lui promettent un poste de coursier à vélo à San Francisco. Mais les nouveaux copains ne sont pas à l’adresse indiquée : « Hébergé par leurs amis, je me retrouve à dormir par terre dans une pièce où il y a un gros poste de radio. Le lendemain, j’achète des cassettes pour enregistrer les émissions d’une radio communautaire mélangeant salsa, reggae et funk. Nous sommes en 1978, des percussions sont déjà rajoutées sur les disques ainsi que des sessions rap, façon animateur », raconte-t-il. Rapper’s Delight, de Sugar Hill Gang, premier disque de rap, ne sera publié qu’en septembre 1979.

Daniel trouve un emploi de rabatteur pour un bar français. Tout est bon pour ne pas rentrer en France : « Fin des années 1970, Paris, franchement, c’était d’une tristesse…, se lamente-t-il. C’était glauque, tout le monde était en train de tomber dans l’héroïne. A San Francisco, il y avait le soleil, et musicalement c’était le pied. Trop jeune pour aller en club, je restais dehors pour écouter. Il y avait des graffs dans la rue, du rap freestyle à la radio… J’étais dans un environnement hip-hop. Dans mon quartier, situé juste au-dessus de Fillmore, le “Harlem de San Francisco”, il y avait un disquaire où j’étais le seul Blanc. Au départ, les clients me prenaient pour une anomalie. »

Sauvé par la culture hip-hop

A son retour en juin 1981, son appartement parisien a été cambriolé, tous ses disques se sont envolés. Il reprend son boulot de coursier et commence à taguer. Le soir, il s’entraîne au scratch, joue ses disques à l’antenne d’une radio libre. Mais dans son entreprise de courses, ses collègues sont déjà tous dépendants de l’héroïne : « Je tombe aussi dedans. Pour avoir moins froid, et pour tenir douze heures sur un scooter… Ça passe tout seul avec l’héro, sauf que je suis devenu complètement accro. » Des amis meurent d’overdose. Un proche lui conseille une clinique à Bruxelles. Il en repart avec un traitement pour un mois mais c’est la culture hip-hop, et le message antidrogue de la Zulu Nation, créée par Afrika Bambaataa dans les années 1970, dans le Bronx, qui vont le sauver.

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