« Des galères avec les Anges? On en a toutes les saisons. Mais là, on se croirait dans un mauvais film! », confie un salarié de la Grosse Equipe, qui fabrique « les Vacances des Anges » pour NRJ 12. « On a vécu l'enfer, rapporte un autre. Et c'est encore loin d'être réglé, cette histoire. » Candidats arrivés sur l'île de la Réunion, équipe de production au complet, villa de luxe tout équipée, trois sorties par jour et intervenants locaux calés au planning… Tout était prêt pour tourner la saison 4 de ce programme de téléréalité, du lundi 11 janvier au 5 février. Sauf que la veille du premier clap, soit le dimanche 10 janvier, tout a basculé.
Une bagarre impliquant le maire de Saint-André
Il est 15 h 59, heure de Paris, quand l'AFP titre « La Réunion : des candidats des Anges de la téléréalité interpellés après une altercation dans un hôtel. » L'affaire, qui tournait déjà sur les réseaux sociaux, est reprise par les médias locaux avant de faire le buzz partout ailleurs. On apprend alors que Joe Bédier, maire de Saint-André, dans le nord-est de l'île, et sa famille ont été pris à partie dans la bagarre. En route pour l'hôtel des candidats, le producteur Antoine Henriquet écoute à la radio l'édile, qui refusera par la suite de lui parler. Celui-ci affirme que « sa femme a fini au sol avec des bonshommes baraqués sur elle », que lui a « pris des coups » et qu'il pensait ne « pas s'en sortir ». La sentence semble irrévocable, alors que la production, qui a mené l'enquête de son côté, a des doutes sur cette version.
Trop tard. A l'emballement médiatique s'ajoute l'emballement politique avec le soutien d'autres maires et de Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer. A 16 h 44, celui-ci écrit sur Twitter qu'il « condamne fermement l'agression du maire de Saint-André, Joe Bédier, et de sa famille » et demande « à la société de production de tirer toutes les conséquences de ce comportement scandaleux de membres de l'équipe de tournage ».
La suite se passe au commissariat où deux candidats des « Vacances des Anges », Ricardo Pinto et sa compagne, Nehuda, passeront dix-sept heures en garde à vue. Même traitement pour Johana, la « nounou » des candidats, également impliquée. Une enquête pour violences volontaires en réunion est ouverte. Au même moment, à l'extérieur, une foule de manifestants demande leur renvoi en métropole. Dans une première vidéo de l'altercation, on entend bien des cris. Mais impossible de distinguer qui fait quoi.
Absent au moment des faits, Antoine Henriquet encaisse les coups, tout en essayant de sauver son tournage. Première décision : offrir un retour express au couple de candidats. « J'ai pris en compte la gravité du dossier sans attendre de savoir qui a tort et qui a raison », assurait-il à chaud, tout en précisant qu'une clause dans les contrats indique qu'« à la moindre violence, c'est l'exclusion ». Mais ça ne suffit pas. La pression monte d'un cran. L'adresse de la villa des candidats fuite sur les réseaux sociaux. Le maire, lui, continue sa tournée des médias qui le conduit sur CNews.
Lundi après-midi, la Grosse Equipe, récemment rachetée par Arthur, renonce finalement aux « Vacances des Anges », expliquant que « les conditions de sérénité ne sont plus réunies pour permettre un tournage de l'émission sur l'île de la Réunion ». « Il y avait des personnes torse nu avec des machettes dans la ville, prêtes à en découdre », rapporte un membre de l'équipe. Autre raison plus pragmatique : la maire de Saint-Gilles, où se trouve la villa des candidats, a retiré son autorisation de tournage.
Escortés par la police jusqu'à l'aéroport
Le soir même, les trois principales personnes concernées sont escortées par la police jusqu'à l'aéroport avec, dans l'avion, l'un des dix gardes du corps engagés en urgence par la production pour renforcer la sécurité. « Mais avant ça, il a aussi fallu leur trouver un endroit sûr où patienter », glisse une petite main. Restait encore à démonter tout le matériel (caméras, micros, déco…) de la villa et exfiltrer les huit autres candidats ainsi que les cinquante membres de la production. Aux frais de la production, qui a ouvert un sinistre auprès des assurances. En jeu : des centaines de milliers d'euros.
Jeudi, parole à la défense. Sur place, les avocats de Ricardo, Nehuda et Johana organisent la riposte lors d'une conférence de presse où ils rejettent la faute sur le maire de Saint-André et sa famille qui auraient été à l'origine de la bagarre. Une version que nous a également racontée Ricardo, caché dans un hôtel dans le sud de la France. « Le fils du maire m'a mis le premier coup, puis son père m'a explosé une chaise dans le dos, confie cet expert en téléréalité de 30 ans. Ils étaient huit contre un. »
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A Paris, la direction de NRJ 12 a suivi de très près le dossier : il en va de l'image du programme et donc de la chaîne. Sans compter un éventuel trou dans la grille. Alors, dans les bureaux parisiens de la Grosse Equipe, on planche depuis mercredi sur un plan B. Objectif : livrer une émission à NRJ 12 d'ici à début mars, date de la diffusion initialement prévue. Deux options sont sur la table : un nouveau tournage soit en Amérique du Sud, soit aux Caraïbes. La décision sera prise d'ici quelques jours, en fonction de la météo et des disponibilités.
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Divertissement
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