Mais depuis la publication lundi d’extraits et de la bande annonce de l’émission, l’indignation est remontée illico sur Twitter où fleurit le mot-clé #pasmarenaissance. Une pétition ouverte par le collectif Gras Politique y circule aussi : elle avait recueilli plus de 6 400 signatures vendredi.
Un collectif redoute une pub "mensongère pour les chirurgies bariatriques"
"Les personnes obèses sont considérées comme mortes-vivantes tant qu’elles ne réussissent pas à maigrir", fustige Gras Politique, qui se présente comme "un collectif de personnes gros-ses", dans une tribune publiée sur Mediapart, et signée par plus de 170 associations, soignants, personnalités et particuliers.
L’association déplore la diffusion d’une "vitrine publicitaire mensongère pour les chirurgies bariatriques" conçue sans "point de vue critique", ni "transparence concernant ses soubassements financiers et idéologiques".
Elle appelle à ne pas se laisser "berner par le filtre de la télévision", qui dresse une "présentation idyllique d’un système de santé bienveillant et respectueux des personnes grosses, et d’une prise en charge optimale" pour les opérées.
"Ce qu’ils dénoncent, je le sais", répond Karine Le Marchand
"Ce qu’ils dénoncent, je le sais, c’est dans l’émission", réagit Karine Le Marchand. Réalisatrice, productrice et présentatrice du programme, elle a suivi l’évolution des participants pendant près de trois ans.
"Sur les 10 candidats, j’en ai cinq en dépression, un qui est devenu alcoolique, une qui a failli mourir au bloc, si ça c’est enjoliver la réalité de la chirurgie bariatrique...", interroge l’animatrice vedette de M6.
Son objectif ? "Changer le regard sur les personnes obèses en leur donnant la parole, en voyant de l’intérieur ce qu’elles vivent", "montrer les causes et les conséquences de l’obésité", mais aussi parler des mesures à "mettre en place" pour en finir avec le surpoids, expliquait-elle.
Le concept de l'émission
À l’écran, "Opération renaissance" est une téléréalité montrant l’intimité de dix candidats, dont neuf femmes, peu avant leur opération de l’estomac, puis leur cheminement sur plus de deux ans avec, pour la plupart, une chirurgie plastique réparatrice à la clé.
Ils bénéficient d’un "protocole" d’encadrement avec un bataillon de professionnels (médecins, chirurgiens, nutritionniste, psychiatre) et ... l’omniprésente Karine Le Marchand. Cette dernière précise avoir voulu travailler avec un établissement, l’hôpital parisien Saint-Joseph, et des chirurgiens conventionnés de secteur 1 sans dépassement d’honoraires.
Les deux candidates de l’émission pilote ont témoigné de l’impact positif sur leur vie. Pour Stacy, on ne peut pas être heureux obèse, "c’est toujours un masque qu’on se met".
Une affirmation combattue par les opposants à l’émission. "On peut vivre gros en bonne santé, heureux", s’insurge Sylvie Benkemoun, psychologue et présidente du Groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids (GROS). "C’est de la souffrance-spectacle", estime-t-elle.
"Il y a beaucoup de questionnements éthiques par rapport à cette émission", ajoute la psychologue. Elle critique aussi le rôle de Karine Le Marchand, largement mise en scène en salle d’opération, et l’ouvrage qu’elle a tiré de l’émission.
"Je n’ai strictement rien à me reprocher", soutient Karine Le Marchand, qui ajoute ne pas avoir "honte", non plus, de vendre un livre "qui peut être utile au-delà de la perte de poids".
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